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Presse et Témoignages

1942

Logiste au Grand Prix de Rome

 

Alea jacta est ! Depuis hier soir à 7 heures, les concurrents du grand prix de Rome de peinture ont définitivement quitté les loges qu’ils occupaient depuis des semaines. Chacun a mis la dernière main à son œuvre, les tableaux ont été remis et l’on s’est précipité pour chahuter un peu dans l’immense cour de l’école des Beaux-Arts. Là, sous les yeux de quelques amis et des photographes ahuris, nos jeunes artistes se sont livrés à des scènes aussi bizarres qu’inattendues : chants, cris, danses, rien ne manquait ; et la joie était si grande qu’une bouteille de champagne vola même en éclats sur le sol. On vit alors cette chose effarante : dix jeunes gens se précipiter à genoux d’un même élan et lécher à même le ciment le précieux liquide… Folies bien excusables si l’on pense que c’est pour les candidats le premier jour de véritable détente depuis de longues semaines. Bientôt, dans huit jours, le 2 juillet au matin, la commission des peintres désignés examinera les œuvres et, le soir, les membres de l’Institut, seuls juges en la matière, rendront leur verdict.

Paris-Soir, 27 juin 1942

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Salon des Tuileries

 

… Suzanne Humbert et ses lithographies nuancées comme des estampes de Vuillard...

                                                                                    

Georges Turpin, Mon Pays, 15 juillet 1942

 

… Suzanne Humbert a peint une émouvante rivière à l’aide des gris subtils que nous lui connaissons.       

Roger de Cazenave, Beaux-Arts, 10 août 1942

1943

Exposition, Galerie du Chasseur d’Images (Galerie du Bac), mai 1943 :

L’ensemble intéressant que présente Madame Suzanne Humbert révélera à beaucoup un talent original, sensible et vigoureux. Cette jeune artiste, appelée de bonne heure par sa Muse, a lutté contre elle tant qu’elle a pu, jusqu’à passer à contre cœur sa licence en droit. Livré malgré tout à son démon, son instinct très ardent et accentué a su mettre à profit les intelligents conseils de ses maîtres. Au premier coup d’œil on devine l’amour qu’elle professe pour les tendres accords de Vuillard et les nuances si prenantes de Bonnard. J’aime ce canal tournant qui reflète des nuages bas que le vent pousse dans la vallée de l’Ourcq. Il y a tant de valeurs précieuses dans les gris de l’Ile-de-France qu’on ne fera jamais assez chanter leur douce mélodie. Cette composition d’intérieur provincial est bien attachante aussi. Il y a de l’âme dans ces recherches et n’est-ce pas ce que nous aimons avant tout ?

On sent en découvrant Madame Suzanne Humbert toute l’ardeur qu’elle met naturellement dans sa recherche, toute la flamme de son expression. Si le métier ne lui a pas livré encore tous ses tours, nous sommes certains qu’elle n’en a cure, car elle peint pour la joie de son cœur et pour obéir à son destin.

                                                                                               René Héron de Villefosse, mai 1943

Suzanne Humbert peint avec ardeur et compréhension les sujets les plus divers pourvu qu’ils vivent ; sa peinture n’est pas que de la peinture ; elle a un sens et traduit, avec la maîtrise du métier, une sensibilité profonde et même une certaine violence à première vue peu féminine. La couleur chauffe ses paysages d’hiver, et son petit chemin tournant serait un banal aspect provincial si elle ne l’animait d’une silhouette. Des nuages échevelés donnent de la grandeur à son canal de l’Ourcq et ses aquarelles de la plage et des dunes révèlent un goût des vastes horizons. Remarquable portraitiste, elle est surtout lithographe et raconte aussi l’intimité du chez soi en monotypes dont on peut regretter que par définition le tirage soit aussi limité.

Roger de Cazenave, Beaux-Arts, 30 mai 1943

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1945-1946

La lithographie en couleurs compte aujourd’hui quelques bons exécutants : (,,,) Suzanne Humbert, dont les œuvres font songer à Vuillard.

                                                                      

Georges Turpin, Le Lynx Illustré, novembre 1945

 

… Suzanne Humbert, avec un extrême raffinement dans les rapports de tons, des qualités, des préciosités qui évoquent quelque peu Bonnard.

Raymond Cogniat, Arts, 4 janvier 1946

1948

1949

Exposition, Paris, Galerie Jeanne Le Chapelin, novembre 1948 :

Suzanne Humbert a de la couleur un sens plein de poésie. C’est une intimiste délicate qui a su traduire le charme provincial des vieilles rues, des jardins, des intérieurs confortables et apaisants. Il est normal qu’elle se soit attaquée à Francis Jammes, tout bourdonnant d’abeilles, de miel et de soleil. Suzanne Humbert peut prendre une place importante parmi les femmes peintres de notre époque, car elle a du talent.

Jean Bouret, Arts, novembre 1948

Exposition, Galerie Jeanne Le Chapelin, novembre 1949 :

Suzanne Humbert est un peintre intimiste qui sait étudier la fragilité d’un tulle voilant un berceau d’enfant, sa transparence ; cette artiste sait également créer l’atmosphère d’un grenier où, enfant, nous avons joué… Elle sait nous rappeler nos promenades au Jardin du Luxembourg, notre joie quand nous montions dans la voiture tirée par le petit âne… Au milieu de choses reléguées dans le vieux grenier, parmi lesquelles est un mannequin, deux enfants feuillettent un livre d’images ; une clarté mauve enveloppe d’une atmosphère exquise cette scène toute poétique. L’artiste excelle vraiment dans l’art de l’intimité. Les gravures que nous avons admirées font penser à toute une vie familiale que l’on pourrait voir se dérouler dans la sérénité des jours heureux. Les coloris sont délicats et solides en même temps, solide comme le graphisme lui-même. On retrouve cette forme d’intimité dans les peintures de Suzanne Humbert. Il est une œuvre que nous avons particulièrement remarquée ; c’est un parc immense, des arbres semblant séculaires ; et sur ce fond verdoyant quatre personnes assises dans des fauteuils, apprécient la douceur d’une paix intime. Devant les œuvres de cette artiste, on ressent comme une sorte d’apaisement, on oublierait presque l’impureté de la vie et l’injustice des individus…

 

Marguerite E. Lacombe, Le Papetier-Libraire, octobre 1949

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Humbert ouvre sa fenêtre sur le rêve, créant à notre intention le climat favorable au dépaysement. Apparaît une jeune femme. Est-elle blonde ou brune ? Elle est pensive, tout embaumée de lumière subtile, auréolée de tons indécis. Dans son sillage court un  parfum d’herbe coupée, de fruits. Ainsi, par l’aquarelle, le pastel, la litho, Humbert sait nous enchanter et nous retenir. Tel monotype de ce peintre où chante un intérieur hanté d’un beau visage, distille une bien agréable musique de formes et de couleurs.

 

René Domergue, L’Aube, 16 novembre 1949

Suzanne Humbert est, elle aussi, une fervente de pastel, mais elle s’accompagne de peinture à l’huile. L’effet est curieux, agréable par moments, d’autant que Suzanne Humbert est avant tout une intimiste, cherchant à traduire les jeux du soleil et de l’ombre sur une femme au jardin, l’atmosphère familiale d’une réunion.

Pierre Imbourg, Une Semaine de Paris, 16 novembre 1949

Nous avons suivi avec beaucoup de plaisir l’évolution de Mme Humbert au cours des expositions qu’elle a données et par ses envois aux divers salons. Depuis deux ans elle marque de constants progrès, et comme elle a eu la sagesse de ne pas entreprendre d’immenses compositions qui risquaient de la conduire à une grandiloquence un peu creuse comme c’est souvent le cas, elle a réussi. Son climat familier, c’est une intimité chaude et douce, le calme des villes provinciales, des appartements quiets et clos, la tache lumineuse d’un petit jardin, le banc abandonné ou le portail d’un parc s’ouvrant sur un inconnu d’allées herbeuses et de frondaisons vertes. C’est le climat meaulnien avec ses apparitions et l’on ne sait si la femme assise sur son fauteuil est réelle ou le produit d’une poétique imagination. Les teintes vont du vert au bleu, du jaune au rose (teintes du pastel, de l’aquarelle ou de la litho). Le dessin est subtil, fin, délié, sinueux, c’est le dessin d’un bon graveur. Suzanne Humbert nous donne bien des raisons de croire en son œuvre.

Jean Bouret, Arts, 11 novembre 1949

1950

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Melle Le Chapelin présente une peinture dont son sourire est l’image, Suzanne Humbert – c’est le choc aimable, la frondaison ombreuse, l’herbe tendre, la myrtille de nos sylves vosgiennes.
                                                  
Opéra, 16 novembre 1949

Les pastels de Suzanne Humbert ont un timbre pur.
          Claude Roger-Marx, Le Figaro Littéraire, 16 novembre 1949

 

Le clavecin dans un intérieur de Suzanne Humbert semble donner le ton à toutes ses peintures réunies chez Le Chapelin. De ses coins de jardins, de ses personnages féminins il se dégage en effet tant de douceur, tant de tendresse.
                     Paul Sentenac, Cette Semaine, 23 novembre 1949

 

 

Vœux illustrés pour 1950 :                                                                                                                                               

Il faut aussi signaler une aimable et douce vision de Suzanne Humbert, dont l’enfant endormi dans son petit lit ne voit pas sa chambre envahie par deux anges lumineux qui lui apportent une boîte soigneusement enrubannée qu’il nous est loisible d’imaginer emplie d’heureuses étrennes. (…) Les galeries et marchands d’estampes n’ont pas voulu demeurer en reste (…) Prouté s’est adressé à Suzanne Humbert déjà nommée. Nous avons donc reçu, dans le style intimiste Bonnard-Vuillard la représentation d’une gracile adolescente en train de se tirer les cartes devant un chat attentif. L’harmonie générale aux tons éteints y est d’une douceur tiède et agréable et la quiète atmosphère de cet intérieur s’oppose avec rassurance aux blancheurs de l’hiver qui apparaissent derrière la fenêtre.

 

Louis Cheronnet, Opéra, 11 janvier 1950

Salon de la Peinture à l’eau, mars-avril 1950 :

 

… Suzanne Humbert, intimiste délicieuse qui vient d’obtenir le 2e Prix au concours d’aquarelle : ce 2e prix, que lui a décerné la Ville de Paris pour sa Prière du Soir, Suzanne Humbert l’a bien mérité, ses aquarelles sont d’une telle pureté et d’un sujet si choisi !                                        

 

Marguerite E. Lacombe, Le Papetier-Libraire, mai 1950

Exposition, Galerie Jeanne Le Chapelin, avril 1950 :

Les fraîches aquarelles exposées par Suzanne Humbert [à la galerie J. Le Chapelin] chantent comme un beau poème dans ma mémoire. Elles sont inspirées pour la plupart par des jeunes filles en fleur, des fillettes en bouton et de très jeunes mamans. La vie à la campagne, dans des jardins fleuris ou dans des intérieurs délicats, de toute cette jeunesse, possède un charme discret mais prenant. On ne peut pas, dans ces scènes enfantines et familiales, ne point songer à celles qui firent la réputation de Georges d’Espagnat, bien que Suzanne Humbert, qui fut une de ses élèves préférées, ait adopté une tout autre palette que celle de son maître. Des lithographies en couleurs représentant des scènes analogues ont également beaucoup d’attrait.

Georges Turpin, Revue Moderne

des Arts et de la Vie, avril 1950

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Suite de lithographies des Quatre Saisons de Paris, Galerie Sagot-Le Garrec, juin 1950 :

Ce n'est pas, comme on pourrait croire, Suzanne Humbert qui découvrit Vuillard, c'est Vuillard qui ressentit tant de plaisir, en voyant une des premières estampes gravées par elle - un intérieur baigné de clair-obscur - qu'il la fit nommer sociétaire du Salon d'Automne. Retenons cet illustre parrainage. L'élève du charmant Georges d'Espagnat, fuyant le barreau auquel on la destinait et poursuivant à Paris même un rêve agreste, retrouvait, par le dessin et la couleur, contact avec la vie du ciel et le déroulement des saisons.

Une série d'intimités et de nus, une suite inspirée par les Métiers attestent de la décision avec laquelle cette débutante apprit à manier le crayon gras. En un temps de démonstrations et d'arbitraire, elle n'hésite pas à chanter l'étonnement de vivre. Désirant multiplier les petits secrets de bonheur confiés déjà à l'huile et au pastel, elle demande à l'encre lithographique de devenir fleurs. Ses « illuminations », au sens anglais du mot - celui que lui donne Rimbaud - ses estampes en plusieurs tons tiennent de l'aquarelle par l'importance accordée aux réserves de blancs qui, par miracle, sont tout ensemble agents de liaison et de coloration.Dès ses premiers essais en couleur (Le Naturaliste, Femme étendant du linge), elle a deviné les exigences d'une technique propre à servir les contrastes de gravité et d'exaltation qui caractérisent son humeur. Comme Vuillard, mêlant le lavis au crayon, elle patine presque tous les tons grâce à l'adjonction de valeurs cendrées, de temps de silence. Fidèle aux gris beiges ou dorés, aux rouges de prune, aux bleus de céruléum, aux verts olive, parmi lesquels éclate un ton plus vif comme un aveu vite étouffé, alors même qu'une ronde de petites filles anime l'allée du jardin public, que le mulet piétine la place de la gare, qu'au cœur du village un manège tourne et tourne, c'est une musique de chambre qu'excelle à composer cette amie du silence, heureuse d'être défendue contre tout intrus par la grille dressée à l'entrée du jardin et d'écouter un chant intérieur où la tristesse module avec la joie. Libre dès qu'elle est protégée par des murs - à condition toutefois qu'une fenêtre s'ouvre sur le ciel ou que des objets patinés par l'usage la rendent à l'enfant qui survit en elle - on comprend qu'elle ait rêvé d'illustrer les Elégies de Francis Jammes.

Chaque lithographie de Suzanne Humbert a la grâce et l'imprévu d'un bouquet champêtre.  Cette enfant en chemise blanche priant au pied du lit Empire, ou prête à tomber dans des bras tendres, ici cousant dans un fauteuil, là veillant sur un berceau, c'est à peine et c'est toujours elle. Le rêve et la vie sont inséparables ; le présent, le passé ne font qu'un. On cueillera toujours en juin les longues marguerites fatiguées ; le salon fermera ses persiennes et prendra ses airs de vacances ; les fauteuils vêtiront leurs housses ; le même banc entendra de nouveaux serments ; le même enfant, pareil à une campanule, fleurira la grande pelouse. Il faudrait un cœur bien sec pour discréditer du nom d'anecdote les fines et fortes vérités qui restent la raison d'être et la trame de toute existence. La suite que voici, Les Quatre Saisons de Paris, vaut par sa fraîcheur et par sa loyauté. Une couverture en trois tons - or éteint, vert acide et brun noir - met sous le signe de la palme, des fleurs et du fruit les huit portraits d'une capitale qui renaît par l'arbre et le ciel. Les beaux marronniers, dont on voit s'écarter les doigts translucides, n'ont pas souffert d'avoir grandi entre deux ascenseurs ; les drapeaux du 14 Juillet nous parlent du vent du large, les chaises de jardin, au Luxembourg, de corsages neufs. A toutes sortes de sous-entendus, nous reconnaissons que l'être qui s'est exprimé là reste mêlé à la vie élémentaire, avec cet humide sourire si près des larmes, ces élans et ces inégalités qui donnent tant d'attraits aux œuvres des femmes-artistes quand elles peignent par urgence et nous font aimer jusqu'à leurs faiblesses. La véhémence de la sensation a détourné la main de tout subterfuge. Qu'il s'agisse d'un intérieur ou d'une scène en plein air, plus qu'une certaine heure, ou qu'un certain geste, ce qu'évoque Suzanne Humbert, par l'entremise d'un ton d'amande, de lilas, de rouille ou de lin, c'est ce qui est épars entre les êtres et les choses, un regret, un espoir latents, le brusque apparition du désir ou de la tristesse.Ainsi s'ajoutent aux découvertes qu'ont faites, il y a cinquante ans, Bonnard, Vuillard, Roussel, Signac et Maurice Denis dans leurs suites demeurées si longtemps sans suite, les découvertes que poursuit à son tour, avec Brianchon, avec Clairin, Roland Oudot, Lotiron, Téréchkovitch, une artiste qui a déjà gravé près de cinquante pièces. Admirons qu'en réaction contre les contrastes et les faciles violences où se complaisent nombre de contemporains, qui confondent estampe et affiche, Suzanne Humbert maintienne sa valeur au mot «valeur» et veuille que chacune de ses estampes soit comme un tendre poème qu'on lit à mi-voix, une sonate à laquelle n'ont participé que quatre ou cinq instruments à cordes, mais qui nous touche davantage que n'eût fait un orchestre avec cuivres et batteries.

Claude Roger-Marx, Présentation de la suite des Quatre Saisons de Paris, juin 1950

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Suzanne Humbert a composé sur le thème du beau Paris à travers les saisons une suite de lithographies en couleurs pour lesquelles Claude Roger-Marx a écrit une poétique présentation. Suzanne Humbert sait dire l’air léger de Paris, l’esprit heureux de ses monuments discrets, la vie active ou paisible des rues heureuses ou tristes. Son talent est léger, heureux, joyeux, sans prétention autre que de charmer.

Pierre Descargues, Arts, 23 juin 1950

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Ces « Quatre Saisons de Paris », que nous présente dans une suite de lithographies en couleurs Mme Suzanne Humbert, révèlent un talent d’une extrême finesse et une intelligence particulièrement sensible. Il nous plaît de voir ces qualités au service d’un beau métier. Tant d’exposants malhabiles jouent, faute de mieux, et par impuissance, les naïfs, qu’on est heureux de saluer de temps à autre une artiste qui sait… Mme Suzanne Humbert est une vraie grande artiste.

 

Charles-José Gérard, Ce Matin, 8 juin 1950

La Galerie Sagot-Le Garrec présente une suite de lithographies en couleurs de Suzanne Humbert, qui sont une joie pour l’œil. C’est tout Paris et ses « quatre saisons » : Saint-Germain des Prés sous la neige, les quais à l’automne jaunissant, Longchamp à l’époque des courses ; c’est encore le Luxembourg et les Champs Elysées, les manèges de chevaux de bois, rouge et or, ce sont aussi des intérieurs avec des enfants qui jouent ou qui font leur prière, une jeune maman penchée sur un berceau. Et tout cela est d’une étonnante fraîcheur, d’un primesaut qui est l’apanage de la jeunesse. Pourtant, qu’on ne s’y trompe pas. Grâce à des nuances de tons bien choisis et mariés agréablement, l’artiste nous invite à une intimité plus grande, plus profonde, dans ses intérieurs, notamment, elle nous berce d’une musique de rêve.

Henry Hugault, Aspects de la France, 15 juin 1950

Lithos en noir et en couleurs soulignent le talent de Suzanne Humbert, dont Vuillard aima les premières estampes qu’elle avait gravées. Un trait un peu lâche, sans rigidité, parce que maître de lui, des teintes délicates qui n’insistent pas, donnent à ces œuvres un air de fallacieuses esquisses, avec lesquelles pourtant le regard qui s’appesantit trouve à point l’accord essentiel, la signification durable. Intérieurs, enfants, jardins, thèmes dont elle a retenu la grâce et non la futilité. Disciple de Georges d’Espagnat, Suzanne Humbert en garde, pour la transmettre dans ses lithos en noir, la douceur. Aucun trait n’est introduit brusquement, mais il est toujours accompagné d’un entourage conciliant qui l’éparpille et adoucit son contact avec les blancs. Cette méthode sait ne s’opposer en rien à la vigueur des sujets, nus, paysages, traités avec maîtrise.

Michelle Seurière, Opéra, 21 juin 1950

Suzanne Humbert vient de composer 8 lithographies en couleurs (les Quatre Saisons de Paris). Cette artiste sait nous faire partager la poésie de son exquise nature qu’elle transfère, en quelque sorte, dans son art si subtilement travaillé. Suzanne Humbert ne cherche pas à étonner : elle cherche, tout simplement, à émouvoir ; et elle y parvient. Et elle charme également. Suzanne Humbert est le peintre qui connaît le chemin conduisant à la poésie que communique un berceau voilé de bleu, de rose, derrière lequel sommeille un enfant ; ou bien un grenier empli de vieilles choses… Elle sait nous dire les rues aux tristesses latentes, ou calmes… ou encore une rue, un jour de 14 juillet.

Nous venons de parler d’un berceau voilé de bleu, de rose… Mais que l’on ne s’y trompe pas, si l’art de Suzanne Humbert est parfois très féminin, il est loin d’être ce qu’on appelle « bonbon fondant ». Et cette petite mise au point faite, voici cette présentation que Claude Roger-Marx a écrite pour cette suite de lithographies en couleurs, et qui plaira certainement aux âmes poétiques : « Ce n’est pas, comme on pourrait croire, Suzanne Humbert qui découvrit Vuillard, c'est Vuillard qui ressentit tant de plaisir, en voyant une de ses estampes gravées par elle - un intérieur baigné de clair-obscur - qu'il la fit nommer sociétaire du Salon d'Automne. Retenons cet illustre parrainage. L'élève du charmant Georges d'Espagnat, fuyant le barreau auquel on la destinait et poursuivant à Paris même un rêve agreste, retrouvait, par le dessin et la couleur, contact avec la vie du ciel et le déroulement des saisons. Chaque lithographie de Suzanne Humbert a la grâce et l'imprévu d'un bouquet champêtre.  Cette enfant en chemise blanche priant au pied du lit Empire, ou prête à tomber dans des bras tendres, ici cousant dans un fauteuil, là veillant sur un berceau, c'est à peine et c'est toujours elle. Le rêve et la vie sont inséparables ; le présent, le passé ne font qu'un. On cueillera toujours en juin les longues marguerites fatiguées ; le salon fermera ses persiennes et prendra ses airs de vacances ; les fauteuils vêtiront leurs housses ; le même banc entendra de nouveaux serments ; le même enfant, pareil à une campanule, fleurira la grande pelouse. Il faudrait un cœur bien sec pour discréditer du nom d'anecdote les fines et fortes vérités qui restent la raison d'être et la trame de toute existence. »

C’est ainsi que s’exprime Claude Roger-Marx, pour présenter les délicates lithographies de Suzanne Humbert à qui nous souhaitons de ne jamais regretter sa destination première. Qui sait si son esprit de poète ne lui eût pas servi à défendre des causes parfois extrêmement intéressantes ? Au fond, Suzanne Humbert a mieux fait de choisir l’art de la peinture ; cet art n’oblige pas à mentir, tandis que l’art de la parole est, par trop souvent, l’art de faire du mal !

 

Marguerite E. Lacombe, Le Papetier-Libraire, juillet 1950

1951

Prix Conté-Carrière, janvier 1951 :

 

On connaît les intimités et les scènes d’intérieur de Mme Suzanne Humbert rappelant parfois l’esprit de Carrière…      

                                         Le Figaro, 18 janvier 1951

Les scènes d’intérieur de Mme Humbert sont pleines de qualités, ainsi d’ailleurs que ses lithographies en couleurs, réellement remarquables.

 

François Daulte, Le Monde, 19 janvier 1951

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Suzanne Humbert, poète des paisibles villages d’Ile-de-France, des intimités familiales, a gardé de son séjour de cinq ans à l’Ecole des Beaux-Arts (atelier d’Espagnat) une allure bon camarade, une franchise de geste assez garçonnière. Sa peinture, ses lithographies toutes en finesses calmes, en délicates harmonies, démentent un peu son personnage et c’est bien dans son œuvre qu’il faut la chercher.

Née le 4 août 1913, Suzanne Humbert fit d’abord ses études de droit avant d’entrer à l’Académie Julian puis, comme nous l’avons dit, à l’Ecole des Beaux-Arts. Elle a gardé de son séjour à l’Ecole un souvenir illuminé par l’enseignement beaucoup plus poétique que technique de Georges d’Espagnat, pour lequel d’ailleurs elle interpréta en lithographies des aquarelles pour Clairières dans le Ciel de Francis Jammes (1946). Elle était déjà férue de lithographie et réalisa de nombreux albums (Elégies de Francis Jammes, Les Quatre Saisons) et des illustrations (Petites Méditations Culinaires, 1950).

C’est la bourse de voyage qu’elle obtint en 1943 qui décida de son climat pictural, lui révélant la vie heureuse des petites villes d’Ile-de-France auxquelles elle allait désormais s’attacher.

(…) On voit donc clairement tout ce qui oppose l’austère Capron, qui se place dans la nouvelle génération des « Jeunes Peintres », au charme de Suzanne Humbert que Vuillard distingua et qui cherche une peinture heureuse.       

                   

Pierre Descargues, Arts, janvier 1951

Exposition, Poitiers, Musée des Beaux-Arts, avril 1951, Suzanne Humbert, Prix Conté-Carrière 1951 :

Eugène Carrière s’est acquis une réputation par le caractère particulier de sa peinture pleine de sous-entendus et de tendresse, à mi-chemin entre l’impressionnisme et le symbolisme. Il a même figuré à l’exposition récente consacrée au cinquantenaire du symbolisme. (…) C’est sous le signe de ces qualités de plénitude et de maîtrise que les fondateurs du prix Conté-Carrière ont voulu désigner à l’attention quelques talents particulièrement riches. Suzanne Humbert bénéficie de ce prix pour 1950, qu’elle partage avec Jean-Pierre Capron.  - charme de l’inspiration, qu’elle trouve partout : au jardin baigné de soleil, dans la chambre enfantine, auprès du piano du salon, du côté de l’église, et jusque dans le coin du vestibule où attendent les objets familiers doués d’une miraculeuse vie du cœur ; - charme de la composition et du dessin, jamais forcés, jamais volontaires, mais toujours sur la douce pente d’une rêverie à laquelle nous nous laissons prendre nous-même ; -  charme enfin, et bonheur peu commun de la couleur, par laquelle cette œuvre renouvelle le monde que nous croyons pourtant connaître. On verra par là que Suzanne Humbert reste à l’écart des recherches les plus audacieuses de notre époque. Son œuvre est pourtant résolument en conformité avec la jeunesse de notre siècle. L’accent de cette peinture reste indépendant et original. Et s’il faut évoquer des noms, ce sont ceux de Vuillard, Bonnard, Brianchon, qui viennent à la pensée. Quel parrainage ! Et qu’il faut être doué d’un beau talent pour résister à un tel voisinage !

                                   

Société des Amis des Musées de Poitiers, avril 1951

1954

Georges Guyonnet, « Un talent brisé en plein essor : Suzanne Humbert, peintre de l’Ile-de-France »

La Croix de Seine et Oise, mars-avril 1954

 

Comtoise par ses origines familiales, Parisienne par le lieu de sa naissance, Suzanne Humbert était bien, en fait, une enfant de chez nous, car la véritable petite patrie d'un artiste est celle qui prépare son cœur à entendre les premiers appels de l'art.

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Née à Paris le 4 août 1913, Suzanne Humbert passa chaque année de longs mois de vacances au Raincy, de 1921 à 1935. Bachelière à 17 ans, licenciée en droit à 20 ans, elle se désintéressa des avantages pratiques que promettaient des grades universitaires si rapidement conquis et se tourna résolument vers l'étude du dessin pour laquelle quelques professeurs clairvoyants avaient distingué chez elle des "facilités".

Deux années de travail à l'Académie Julian, d'où elle sort deux fois première (1933-1934), deux autres années d'académies libres (Colarossi et Grande Chaumière, 1935-1936), confirment qu'il ne faut plus parler de "facilités" mais d'impérieuse vocation.

Entrée à l'Ecole des Beaux-Arts en 1937 dans l'atelier de d'Espagnat et Jaudon pour la lithographie, Suzanne Humbert y conquiert en cinq ans une vingtaine d'estimables récompenses et sort en 1942, sixième logiste pour le concours de Rome.

Entre temps, cette carrière qui s'ébauche si heureusement reçoit de précieux encouragements. A l'Ecole, Suzanne Humbert remporte les prix d'Attainville et Fortin d'Ivry, elle est sociétaire du Salon d'Automne où Vuillard enthousiaste, l'a fait entrer ; le Salon des Tuileries l'invite régulièrement et, en 1941, elle a la joie de vernir avec le groupe d'art contemporain, sa première exposition à l'Orangerie.

Toute cette activité n’a point détourné Suzanne Humbert de nos régions, bien au contraire. (…) Bien que son mariage, contracté en 1941, l’ait conduite à résider à Villenoy, près de Meaux, elle revient souvent à Gagny, et la vieille maison de la rue Gossec, qui lui inspire tant d’intérieurs composés avec tendresse, figure dans un grand nombre de ses œuvres.

Cet attachement à notre province, qui va s’affirmant avec le temps et le succès, éclate dès les premiers rayonnements de l’œuvre de Suzanne Humbert, et René Héron de Villefosse, dans la présentation de son exposition de mai 1943, écrit d’une de ses toiles : « J’aime ce canal tournant qui reflète des nuages bas que le vent pousse dans la vallée de l’Ourcq. Il y a tant de valeurs précieuses dans le gris de l’Ile-de-France qu’on ne fera jamais assez chanter leur douce mélodie. »

Après cette exposition, saluée par la presse de commentaires élogieux, des soucis familiaux et aussi une joie profonde, la naissance de sa fille Dominique, survenue en 1945, réduisent un moment l’activité de Suzanne Humbert. Quand elle reprend la série de ses expositions en 1948, c’est une frémissante artiste, en pleine possession d’un talent mûri et spiritualisé par les épreuves, que nous retrouvons.

Deux nouvelles distinctions sont bientôt décernées à Suzanne Humbert : elle reçoit en 1950 le prix d’aquarelle de la Ville de Paris et, l’année suivante, le prix Conté-Carrière. Son nom s’impose dans les milieux artistiques, les critiques les plus autorisés s’accordent à voir en elle un grand espoir de la peinture française. En même temps que l’État, la Ville de Paris et plusieurs musées lui passent régulièrement des commandes, elle voit ses œuvres achetées par le British Museum, l’Albertina de Vienne et de nombreux collectionneurs français et étrangers. Sur le plan commercial, les marchands d’estampes classent ses lithos parmi les toutes premières valeurs contemporaines.

Il est difficile d’évoquer seulement avec des mots ce qu’était l’art de Suzanne Humbert, cette Claude Debussy de la peinture à laquelle il suffisait de quelques notes jetées sur la toile ou sur la pierre lithographique pour éveiller les échos profonds d’une subtile harmonie.

Du séjour de Suzanne Humbert aux Beaux-Arts, Pierre Descargue a justement remarqué qu’elle « a conservé un souvenir illuminé par l’enseignement beaucoup plus poétique que technique de d’Espagnat. » Ce n’est pas un mince éloge, car il est plus aisé d’enseigner la versification que l’inspiration.

Les procédés nécessaires pour transmettre cette petite étincelle que son maître avait fait jaillir en elle, la charmante artiste les découvrit elle-même. Elle les livra spontanément, sans faire mystère du but esthétique qu’elle s’était assigné, dans cette profession de foi simple et claire : « J’ai toujours travaillé d’après des scènes de nature (paysages, et surtout intérieurs), scènes familières, intimités, empreintes de poésie, cherchant à dégager cette poésie par des moyens avant tout « plastiques », attachant une grande importance à la lumière, l’atmosphère, ne reniant pas le « sujet », mais ne le prenant pas comme « fin » dernière du tableau, seulement comme moyen de créer une poésie plastique. Je fais, d'après nature, une grande quantité d'aquarelles, de croquis, dessins, etc..., puis recherche à l'atelier la meilleure composition et harmonie de couleurs – ceci, aussi bien pour la peinture que pour les lithos en couleur. »

Le miracle est que cette volonté déterminée de spiritualiser, de poétiser le sujet n’aboutissait aucunement à sa désincarnation ni à des compositions édulcorées, fragiles et bientôt lassantes. Rien de « cérébral » non plus, ni de morbide dans ces œuvres où la vie éclate sous son vrai visage, dans son alternance de tristesse et de joie. Ses personnages, ses natures mortes et ses paysages savent garder leur caractère propre, parfois ardent et rude sous la mutation poétique qui leur confère l’indéfinissable douceur des choses regardées avec amour. Dès sa première exposition, un critique, frappé par la ferveur cachée sous la touche légère de Suzanne Humbert, y décelait les traces de « sa sensibilité profonde et même une certaine violence à première vue peu féminine. »

Ce résultat en apparence contradictoire, Suzanne Humbert l’obtenait en partie grâce à  sa parfaite maîtrise professionnelle, à la souple précision de son dessin, à la richesse de sa palette où s’allumaient des coloris précieux allant du mauve mourant aux roux embrasés, mais c’était, avant tout, le résultat de recherches passionnées et d’un gigantesque labeur.

Un de nos amis, Charles Peyre, amateur d’art avisé, a eu la bonne fortune de se rendre acquéreur d’un important lot de dessins et esquisses constituant les plus émouvantes reliques qui se puissent réunir sur Suzanne Humbert. A travers le même dessin calqué et recalqué inlassablement, à la recherche d’un équilibre, d’un accord de tons, on voit s’opérer une décantation, un long cheminement qui conduit l’artiste de l’esquisse à l’état brut, réalisée « sur le terrain » jusqu’à l’œuvre achevée, image complète de la première mais dégagée de la pesante matière, idéalisée par le prisme étincelant d’une imagination poétique sans défaillance. La puissance d’évocation de cette transposition en quelques tons majeurs, nul ne l’a mieux définie que Claude Roger-Marx qui compare les œuvres de Suzanne Humbert à « une sonate à laquelle n’ont participé que quatre ou cinq instruments à cordes, mais qui nous touche davantage que n’eût fait un orchestre avec cuivres et batterie. »

Au cours des dix courtes années qui contiennent toute sa carrière artistique, Suzanne Humbert a abordé un peu tous les genres et toutes les techniques. Il serait téméraire d'affirmer dans quel domaine son talent se serait fixé s'il avait eu le temps de s'exprimer, mais il est évident que la quiétude des villages d'Ile-de-France, la paix des intérieurs familiaux l'attiraient irrésistiblement. Ce sont ces sujets traités en monotypes, et surtout en lithos en couleurs, qui ont le plus contribué à son renom. Dominique dont elle avait fait son modèle préféré, évoluant dans son cadre de tous les jours, aurait suffi à cette mère artiste pour se renouveler perpétuellement et faire entendre son chant pacifiant au milieu de la lugubre cacophonie de l'art moderne.

Un destin inexorable en décida autrement. Le 12 février 1952, comme une voleuse, la mort brutale vint frapper Suzanne Humbert en pleine ascension, en pleine jeunesse. Si cette artiste n'avait été une si grande travailleuse, il n'y aurait eu que de rares privilégiés qui eussent possédé ses œuvres.

Peut-être cette épreuve était-elle nécessaire pour que son message soit mieux entendu. « Il faut que meure le grain pour porter des fruits... »

Georges Guyonnet

Charles Haquet, « Cinquante Peintres ont exposé au Salon de Montfermeil », Le Réveil. Echos de la banlieue Nord-Est, 23, 4 juin 1954

(…) Une large place a été consacrée à la rétrospective d’œuvres posthumes de Suzanne Humbert (1913-1952).
Suzanne Humbert, artiste de grand talent, a passé de longs mois de vacances au Raincy de 1921 à 1935 ; de 1936 jusqu’à sa mort, elle séjourna dans sa propriété de la rue Contant à Gagny. Elle avait été élève de l’Ecole des Beaux-Arts, logiste pour le concours de Rome de 1942, lauréate de nombreux prix, sociétaire du Salon d’Automne : c’était l’un des grands espoirs de l’art français. Félicitons les organisateurs du Salon de lui avoir rendu « l’hommage d’une région qu’elle a tant aimée » en nous montrant ses peintures et ses gouaches et aussi ses remarquables lithographies parmi lesquelles La Couturière, les Quatre Saisons de Paris et Madame Bovary se détachent particulièrement.

 

Charles Haquet

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1990

Bernard d’Espagnat, Georges d’Espagnat, Paris, 1990, p. 74 et 78.


[En 1934, Georges d’Espagnat] fut nommé professeur-chef d’atelier à l’Ecole des Beaux-Arts (…) Il prit très vite un grand intérêt à cette tâche d’enseignement si neuve pour lui. Il existait à cette époque, quai Malaquais, un atelier entièrement réservé aux femmes, et c’est celui-ci qui lui fut confié. Il semble qu’il ait été très estimé et apprécié de ses élèves, dont plusieurs conservèrent avec lui des rapports d’amitié jusqu’à sa mort. Ici, je citerai seulement Suzanne Humbert, artiste de grand talent, et trop tôt disparue.

(…) Après la Seconde Guerre mondiale, un club de bibliophiles lui demanda d’illustrer Clairières dans le Ciel de Francis Jammes, cette fois en lithographies. Trop âgé pour effectuer lui-même le travail matériel correspondant, mon père se contenta de produire les œuvres demandées sous forme de très belles aquarelles, que son élève Suzanne Humbert, ci-dessus nommée, transcrivit ensuite en lithographies.

 

Bernard d’Espagnat

Lettres de Claude Roger-Marx à Suzanne Humbert

Janvier 1950

Je voudrais, chère Madame Suzanne Humbert, vous remercier pour la délicieuse image par laquelle vous avez désiré mêler à ma vie quotidienne la présence d’un art que je fus tout heureux de découvrir dans les tumultes d’un Salon de peinture. Vos qualités de charme, de mesure, de fine tendresse dans l’évocation de paysages ou d’intérieurs familiers, la grâce d’un métier pudique, tout m’a plu dans vos lithographies. Soyez fidèle à ces qualités. Si jamais je puis vous aider dans vos investigations, quand ma vie sera un peu moins agitée, je vous proposerai de venir regarder ici – mais sans doute les connaissez-vous très à fond – ceux dont votre œuvre est l’histoire, les maîtres de la gravure en couleurs : Bonnard, Vuillard, Lautrec, dont je possède un petit ensemble de gravures. Vous ne sauriez imaginer la somme de réflexions, de travaux successifs qu’ont réclamé par exemple les lithographies en couleurs de Vuillard (qui disait toujours que le progrès pour lui avait été de simplifier sans cesse les moyens, d’user de peu de tons, de supprimer au besoin une planche au tirage etc.).

Janvier 1951 [à la suite de l’attribution du prix Conté-Carrière]

 

(…) Je suis très content de voir que tout a marché selon mes vœux. Bien que cette distinction  demeure morale, elle fera parler de votre talent et elle vous donnera foi en vous-même. Nous reparlerons longuement de votre travail. Je vous dirai comment je souhaiterais que vous dirigiez les dons, si rares, que vous avez reçus des yeux et du cœur….

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